En Octobre 2023, nous sommes partis en Espagne faire le Roadbook 36 de Vibraction autour de Saragosse.
Je suis avec nos amis Guy et Sophie sur leur Defender et avec mon frère Jean-Louis et son épouse Martine en Mercedes G.
C’est la première fois que je repars en 4×4 depuis le décès de Patricia le 17 Août 2023.
Ce petit raid me permettra de voir si cette passion reste intacte malgré le grand vide qui m’habite désormais.
Aujourd’hui, de retour, je connais la réponse et ce petit compte rendu sur le blog en est le témoignage.
Nous nous donnons rendez-vous le 10 Octobre au camping municipal de Rieux Volvestre au pied des Pyrénées.
C’est un joli coin, bien ombragé au bord de la Garonne, déniché par Martine, qui, comme toujours soigne l’organisation de ses voyages.
Dés le lendemain, nous franchissons les Pyrénées par un très beau temps ensoleillé. Nous empruntons le tunnel de Bielsa pour rejoindre les environs de Saragosse, point de départ du roadbook de nos amis de Vibraction.
Première visite aux salines de Naval, dominées par le village.
Premier bivouac au milieu des oliviers avec un bon diner, comme toujours chaleureusement partagé.
Après un départ de bonne heure par les pistes, nous nous arrêtons en bord de route pour visiter le puit-source de Lagunarotta dont l’origine remonte aux Visigoths au 4-ème siècle.
Il a été bien aménagé au fil du temps avec un toit et un large escalier qui descend jusqu’au réservoir.
Puis tentative de visite du beau monastère de Santa Maria de Sigena, malheureusement fermé.
Il en sera de même pour tous les autres églises et monastères que nous approcherons, la saison touristique étant terminée depuis longtemps en ce mois d’octobre.
Cela ne nous empêche pas d’admirer le site depuis l’extérieur avec ses façades austères aux teintes dorées par le chaud soleil.
Il y même une statue de saint qui en profite pour nous lancer un regard étonné.
Retour sur les pistes de montagnes, poudreuses à souhait dans ce décor de sierras sèches et désertiques.
Celles-ci recèlent des genres de « demoiselles coiffées », monticules abrités de l’érosion par un chapeau de roches dures dominant le sol sablonneux environnant.
En fait un vrai paysage de western y compris quelques ermitages isolés aux allures de missions destinées à convertir les peons illettrés……. Tout un roman…
Le soir bivouac dans un champ d’oliviers infesté de mouches qui ne nous lâcheront qu’au coucher du soleil.
Toujours par de belles pistes, nous gagnons de l’altitude dans la sierra pour cheminer sur les crêtes avec un magnifique panorama, sans cesse renouvelé.
C’est l’occasion de visiter une très ancienne tour de guet dominant la plaine et qui marque la limite entre les territoires musulmans avant le Reconquista et les territoires restés visigoths.
Puis, quelques km plus loin, nous atteignons un ancien petit monastère troglodyte, avec salle de culte, réfectoire et dortoir creusés dans le rocher.
Poursuivant la piste qui suit la ligne de crêtes, nous arrivons à un site reconstruit qui présente un échantillon des ouvrages de défense occupés par les nationalistes espagnols lors de la guerre civile qui a dévasté le pays dans les années trente. Ce sont donc tranchées dominant la vallée, bunkers, caches etc. faisant face à la ligne de crête opposée qui était occupée par les républicains.
Sur celle-ci, pas de reconstitution ni de conservation des vestiges mais une simple croix commémorative (malheur aux vaincus ?)
Puis nous redescendons dans la plaine sèche et poussiéreuse, salués au passage par un beau borie tout en pierres sèches joliment appareillées.
En chemin nous nous arrêtons pour visiter le monastère de la vierge Magallon, transformé en hôtel de luxe après avoir été très abimé par la guerre civile. Malheureusement, là aussi, tout est fermé.
Néanmoins nous pouvons admirer le travail colossal des moines et paysans locaux pour aménager des terrasses cultivables à flanc de montagne.
Puis c’est le bivouac sur une hauteur pelée.
La piste continue de cheminer dans cette plaine quasi désertique, parsemée de monastères fortifiés, souvent entourés de beaux jardins, bien entretenus.
Quelques points d’eau destinés à abreuver des troupeaux aujourd’hui disparus jalonnent notre route.
Puis nous remontons dans la sierra pour trouver un bivouac au milieu de nulle part…
De bon matin, nous redescendons pour traverser le fleuve Ebre, au niveau de Sastago et de ses méandres, en empruntant un des rares ponts qui enjambent le fleuve.
De là, nous remontons pour aller voir le magnifique monastère de Rueda, entièrement rénové.
Nous y verrons une grande noria, immense roue destinée à relever l’eau du fleuve pour alimenter le monastère et ses jardins : très beau site, très intéressant à voir.
Nous empruntons un peu de goudron pour aller voir un village totalement dévasté par la guerre civile et conservé en l’état pour entretenir la mémoire de cette tragédie, un peu comme Oradour en France.
Puis petit arrêt pour aller voir un monastère parfaitement reconstruit, sur une hauteur en bord de route.
De là nous reprenons les pistes. Arrêt en chemin sur le tracé d’une ancienne voie ferrée aujourd’hui désaffectée avec une ancienne gare qui marquait un arrêt avant un viaduc enjambant un profond canyon.
Aujourd’hui il ne reste du viaduc que les piles dont une très élancée qui se dresse au milieu du franchissement. Il parait que les militaires ont essayé de la faire sauter à plusieurs reprises lors de la guerre civile, mais sans y parvenir tant la construction était solide.
Nous décidons de descendre avec nos 4×4 dans le canyon pour y aller voir de plus près.
Bivouac à l’écart au milieu de la plaine, non loin du canyon.
Toujours par les pistes, nous remontons vers le nord. En chemin arrêt près d’un bel abreuvoir qui collecte l’eau de ruissellement des champs environnants.
En fin de journée, nous trouvons un bivouac à coté d’un champ d’éoliennes, qui bien qu’éloignées de 500m environ, accompagneront notre sommeil de leur « murmure » pas très agréable.
Enfin nous retrouvons le goudron, pour franchir les Pyrénées à la Jonquera suivi d’un dernier bivouac au camping de St Jean Pla de Corts
Fin de ce petit voyage, très agréable et dépaysant par un temps superbe digne d’une belle fin d’été.
Pour ma part, j’y ai retrouvé intact le plaisir de ce type de randonnées et l’envie « d’aller voir ailleurs »
Je le dédie , comme tous ceux à venir, à Patricia, qui partageait tant cette passion.
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2 Comments
Merci de nous faire voyager avec toi!
Magnifique reportage, comme toujours. Ravie que le goût des raids sont encore présents en toi, après ce gros malheur.
Martine