Journal de notre raid en 4×4 au Maroc qui nous a mené de Nador à la frontière algérienne avec retour par le Haut Atlas
En Mai 2017, nous sommes partis, une nouvelle fois, nous promener au Maroc avec nos 4X4. Guy, notre fidèle mentor, nous avait concocté un parcours off-road le long de la frontière algérienne privilégiant le sable et la solitude avec retour par le Haut Atlas.
Nous sommes 5 équipages d’amis de longue date :
-Guy et Sophie avec leur Def TD5
-Jean- Louis, mon frère, et Martine avec leur Mercedes G .
-Thierry et Martine et leur Def TD4
-Jean-Marc et Isa sur leur Def TD5
-et moi avec notre Toy GRJ79
Le 09 Mai
Le descente de l’Espagne se fait en 2 longues étapes et une plus courte, avec nuits dans des campings et arrivée à Alméria, notre port d’embarquement le 09 Mai en fin de matinée.
Les formalités sont vîtes expédiées mais le bateau ne part qu’à 16h avec 2 heures de retard.
Arrivée dans la nuit à Nador à 22 h heure européenne soit 21 h heure marocaine.
Le temps de passer les contrôles de douanes et de police, et de faire le change dans un café à la sortie du port car tous les bureaux officiels sont fermés et il est 23h.
Nous filons vers notre point de bivouac en pleine nature au bord du Lac Mohammet V et y arrivons à minuit, un peu fatigués mais bien contents d’être enfin au départ de notre périple.
Au matin, nous nous apercevons que le sol et les arbustes environnants sont couverts d’escargot blancs de 2 à 3 cm de diamètre, certains morts et d’autres bien vivants.
Le 10 mai 2017
Nous partons de bon matin après une courte nuit. Il fait doux avec un ciel légèrement nuageux et 25°C. Nous empruntons de petites routes pour franchir des montagnes désertiques griffées par des oueds plantés de lauriers roses.
Puis nous prenons des pistes pour traverser le plateau du Rekkam, cap plein Sud ! Le plateau, en général désertique, est très vert car il a plu les semaines précédentes.
Le soir, après 250 km de pistes cassantes, bivouac au pied d’une des petites collines qui parsèment le plateau, bien à l’abri des regards. Il fait maintenant 30°C.
Le 11 Mai
Par les pistes puis de petites et étroites routes de campagne, nous continuons notre descente plein sud pour arriver non loin de la frontière algérienne que nous longeons vers l’Ouest pendant une centaine de Km. Pour se protéger des incursions algériennes, le Maroc a édifié tout le long de la route, un énorme talus de sable de 6 à 8 m de haut infranchissable à tout véhicule.
Nous croisons très peu de monde dans cette zone très excentrée du pays.
En fin de journée un très fort vent de sable se lève, nous amenant à rechercher très vite un emplacement pour le bivouac près de Boudnib. Celui-ci se fera au bord d’un oued à l’abri , très relatif, de lauriers roses.
La chaleur monte rapidement à 36°C et, malgré le vent, on se baigne dans l’oued : quel bonheur.
Le vent tombe dans la nuit et , au matin, nous retrouvons un ciel tout bleu et 20°C au réveil.
Le 12/05
Nous poursuivons notre descente vers le sud pour gagner l’erg Chebbi. C’est une succession de pistes tantôt rocailleuses, tantôt sablonneuses.
Sur la piste , au milieu de nulle part, 2 hommes en mobylette nous arrêtent : ils sont en panne d’essence. Nous siphonnons 2 litres dans l’un de mes réservoirs pour les dépanner. Ils ont de la chance car tout les autres véhicules du groupe marchent au diesel.
A un détour de la piste nous trouvons un présentoir en cailloux empilés qui nous propose des fossiles avec un prix pour chacun . Une ancienne bouilloire permet de déposer notre argent : simple et efficace. J’en profite pour ramener des petits présents pour Pat et ses copines.
Plus loin sur la piste nous trouvons un petit âne, tout seul, qui attend à côté d’un puits et de son abreuvoir à sec. Dès que je m’arrête, il se met à braire plaintivement. Depuis combien de temps attend-il ainsi sa ration d’eau ? Heureusement le puits , très profond (30 m environ) est muni de son seau et de sa corde ce qui nous permet d’abreuver le pauvre animal.
Nous refaisons les pleins à Erfoud après 750 km depuis Nador : 154 l pour ce qui me concerne soit 20l/100 !
En fin d’après-midi nous arrivons au pied des dunes de l’Erg Chebbi où nous pénétrons suivis, comme toujours, par les locaux en mobylette.
Nous nous enfonçons de suite dans les dunes pour être tranquille et pour établir un très beau bivouac dans le sable.
Le 13 Mai
Longue et dure journée dans les dunes qui nous voit traverser l’erg de bout en bout et du Nord au Sud.
Avec Jean-Louis, mon frère, nous nous relayons pour mener notre petit groupe au milieu des dunes, tantôt hautes et très pentues, tantôt plus basses et arrondies. Les passages sont souvent difficiles car le sable est très mou. Il fait très chaud , 40°C en milieu de journée, heureusement avec un peu de vent qui donne une illusion de fraîcheur.
En fin de journée, nous établissons notre bivouac dans les dunes en sortie de l’erg. De là haut, nous apercevons, au loin, la route qui contourne le massif dunaire et que nous rejoindrons demain.
Le 14 Mai
Levés de bon matin nous partons pour ce que nous pensons être un formalité : rejoindre la route toute proche. En fait nous mettrons 4 heures pour faire 7 km !. En effet le terrain dunaire est tellement compliqué que nous devons faire des reconnaissances à pied pour trouver le chemin, parfois dans plusieurs directions à la fois. Jean-Marc puis Thierry, qui, tour à tour s’essayent à mener, ont bien du courage !
En début d’après-midi nous arrivons au village de Merzouga pour refaire les pleins d’eau.
Puis 30 km de petite route et nous replongeons dans un petit erg pour y installer notre bivouac au milieu des dunes.
Le 15 Mai
Nous passons la matinée à traverser ce bel erg qui, en son centre, se révèle assez complexe avec des dunes dans tous les sens et du sable mou un peu partout.
Nous en sortons après le déjeuner et retournons vers Merzuga pour refaire les pleins de carburant avant de repartir vers le Sud. A la station nous passons 2 bonnes heures à réparer le Land de Jean-Marc dont le blocage du pont arrière reste enclenché. Heureusement pendant ce temps il ést possible de boire des boissons fraîches à l’ombre des arcades .
Nous reprenons ensuite la piste, chaotique et cassante, avec de grandes zones de fech-fech.
Bivouac dans le sable non loin de la piste.
Le 16 Mai
Piste toute la journée, direction Est, vers Zagora. Tantôt la piste est caillouteuse, tantôt elle franchit de petits ergs sablonneux. A plusieurs reprises nous sinuons dans des vallées resserrées en suivant le lit des oueds puis nous franchissons de petites chaines de montagnes par des cols qui nous donnent de magnifiques vues sur le paysage environnant.
Au pied de l’un de ces cols ,nous stoppons à un puits où nous nous étions déjà arrêtés l’an dernier. Après avoir largement abreuvé les petites chèvres qui « campent » autour du puits, nous nous lavons tous les cheveux à grand renfort de seaux d’eau : par 40°C, c’est un vrai bonheur, en particulier pour ces dames.
Le soir bivouac dans un oued sablonneux entouré de montagnes à bonne distance de la grande piste.
Le 17 Mai
Nous reprenons la piste direction Zagora, la seulle ville de la région pour refaire les pleins d’eau et de carburant. En fin de matinée, nous rejoignons le petit camping que nous connaissons bien, véritable oasis en plein centre ville.
Nous dégustons un excellent couscous local arrosé de bière glacée et de vin rouge frai !!!. En prime nous avons droit à un concert de musique locale avec le patron du camping au luth accompagné par Jean-Marc aux percussions.
Puis , après un petite sieste : entretien de véhicules, nettoyage et plein d’eau, lessive etc…
Le tout entrecoupé de nombreuses douches car il fait très chaud.
Le 18 mai
Départ par la piste puis la route pour rejoindre Mamid, dernier village avant le désert.
De là, après avoir (beaucoup ) dégonflé, nous commençons par suivre le lit du Draa sur une cinquantaine de km : parcours difficile, sablonneux et caillouteux avec une multitudes de petites dunettes qui entravent la progression. Puis nous quittons le lit de l’oued pour attaquer les dunes d’un très bel erg qui s’étale jusqu’à la frontière algérienne. La chaleur a encore augmenté : 42°C à l’ombre en milieu d’après-midi.
Le soir bivouac au creux des dunes. Pour se rafraichir ( ?!) nous nous partageons une énorme pastèque achetée ce matin au départ de Zagora.
Le 19 Mai
Nous poursuivons notre cheminement dans les dunes entrecoupé de passages plus roulants lorsque nous croisons le lit d’un oued asséché.
C’est la journée des incidents mécaniques : tout d’abord c’est le Toy qui reçoit en pleine calandre la corde élastique et sa manille après que le crochet avec lequel je tentais de tirer Jean-Louis, ensablé, eu cassé. Bilan heureusement limité à de la carrosserie : calandre plastique enfoncée, bande de tôle entre pare-choc et calandre totalement détruite et capot de protection du treuil abîmée.
Puis c’est au tour de Jean-Marc que l’embrayage de son Défender préoccupe depuis plusieurs jours Le mal s’étant aggravé, il décide de nous quitter pour rejoindre le goudron par une piste plus directe et ne passant pas par les dunes. Puis arrive le tour de Thierry qui, dans un même élan, déjante un pneu avant et déboîte un des ressorts de suspension arrière. Nous réparons en plein soleil par 42°C à l’ombre.
Vers 15 h, notre trace nous amène à un ancien campement dont l’ombre nous parait très tentante. Un peu fatigué de ces péripéties, nous décidons d’y faire bivouac. Après avoir « dévoré » la demie pastèque qui nous restait ,nous nous étendons à l’ombre pour une bonne sieste en attendant que le soir vienne et que la chaleur ( 44°C) retombe. Nous avons fait 35 km en une journée !
Le 20 Mai
La nuit fut agitée avec ,dans l’ordre : Très fort vent en rafales, quelques gouttes de pluie, puis calme plat et chaleur suffocante. Au matin, nous décidons de partir dès 7 h pour profiter du sable porteur et de la lumière rasante de l’aube qui permet de mieux distinguer les reliefs.
Toute la matinée nous progressons bien dans les dunes pour sortir de l’erg vers midi.
Puis c’est le fond du lac Iriki pendant 50 km, tantôt cassant et piègeux, tantôt sablonneux et, enfin, une longue piste de montagne pour rejoindre Foum-Zguid, la gardienne du désert où nous arrivons vers 17 h. On refait les pleins avant de s’asseoir à la terrasse ombragée d’un café : eau gazeuse et soda FRAIS, et jus d’oranges pressées devant nous : un régal car les oranges sortent du frigo !.
Le soir bivouac dans un des campings de la ville, à l’ombre des tamaris, avec douches à volonté. Nous sommes les seuls clients et il fait toujours 42°C à 18 h
Le 21 Mai.
En partant le matin, nous ne résistons pas à une tournée générale de jus d’orange frais.
Puis après 150 km d’une petite route nous obliquons vers les montagnes par une très belle piste, peu tracée qui sinue de vallée en vallée et de col en col, pour nous élever jusqu’à 1500 m. Evidemment il fait plus frais (34°C) ce qui nous arrange bien.
Nous passons par des villages perdus où les rues ont à peine la largeur des 4×4,
nous suivons des oueds encaissés,
traversons d’anciens villages en ruines,
et passons au pied de citadelles, elles aussi en ruines.
Le soir, bivouac à coté de la piste, au milieu de gros amas de rochers car le relief ne nous permet pas de nous éloigner de celle-ci.
Le 22 Mai
Nous continuons la piste en direction de Ouarzazate, toujours en pleine montagne entre 1500 et 2000 m.. Très ancienne piste, habilement tracée avec de nombreux murets de soutènement en pierres sèches.
Le soir magnifique bivouac au creux d’une gorge où coule un oued à Taourit, non loin de Ouarzazate.
Comme il fait encore très chaud, c’est l’occasion d’une délicieuse baignade au pied des rochers : même Guy, qui n’aime pas l’eau, décide de se tremper.
Le 23 Mai
Nous passons Ouarzazate, très jolie et très propre ville, bien dessinée avec de larges avenues et de nombreux espaces de verdure. Puis nous poursuivons notre remontée vers le Nord, d’abord par la route puis la piste qui nous fait traverser le Haut Atlas.
Nous passons plusieurs cols dont un à 2800 m. Puis en redescendant vers la vallée alors que nous longeons un oued : plus de piste ! Elle a été emportée par la dernière crue de l’oued. Sur plus de 20 km nous sommes obligés de passer dans le lit caillouteux de la rivière en suivant de très vagues traces. guidés par des enfants d’un village montés sur nos marchepieds ! Pour couronner le tout l’orage qui menaçait, éclate nous faisant surveiller attentivement le niveau de l’eau.
Heureusement, après 2 h d’efforts et grâce aux gamins, nous finissons par retrouver le piste puis une route. Vue l’heure tardive et le temps très menaçant, nous prenons le premier lieu de bivouac que nous trouvons : 2000 m d’altitude, sur une aire de battage, à coté d’un champ de ruches!. Ce soir nous dînons dans nos voitures pour la première fois du voyage et au lit , fatigués de toutes ces émotions.
Le 24 Mai
Nous reprenons la piste qui traverse le Haut Atlas. Par endroit celle-ci à disparu suites aux violents orages d’il y a 6 mois et nous suivons de vagues traces qui contournent l’obstacle, parfois pendant plusieurs km.
Nous traversons de nombreux villages de montagne, très pauvres et loin de tout. Notre arrivée est une attraction et tous les enfants déboulent en courant pour venir au bord de la piste observer les étrangers et quémander des ….stylos et des bonbons !
Souvent l’espace pour passer entre les maisons est très resserré et laisse à peine la place à nos 4X4. qui frôlent , au ralenti, les habitants se tenant sur le pas de leur porte pour nous voir passer.
Dans un village, nous assistons au rassemblement des ânes qui desservent, depuis la piste, les fermes reculées dans les montagnes. Il y a là plus d’une trentaine d’animaux qui attendent leur chargement.
Plus loin c’est un nid de cigognes qui nous saluent en passant.
Nous passons toute la journée au dessus de 1800 m sous un magnifique ciel bleu et 24°C. Le soir bivouac à 2250 m au pied d’une vieille ferme au bord d’un oued. Nous avons parcouru 130 km dans la journée.
Au réveil, ciel pur et limpide de la haute montagne.
Le 25 Mai
Après une nuit un peu froide (14°C), nous reprenons notre piste de montagne, passant plusieurs cols à plus de 2000 m, entre muraille rocheuse abrupte et à pics vertigineux. Les nombreux virages en épingle, bien entendu sans gardes fous, se passent en 2, voire 3 fois, obligeant à manœuvrer au ras du vide.
Cette belle piste finit par redescendre en passant le long d’une montagne dont les parois verticales lui ont donné le nom de « Cathédrale ».
Après un court passage sur le goudron , nous empruntons une des plus belles pistes de ce voyage. Cette piste suit des gorges très encaissées qu’elle partage avec un oued bordé de lauriers roses en fleurs et où coule une eau verte, abondante et transparente. C’est l’occasion de plusieurs baignades rafraîchissantes le long du parcours car la température est bien remontée à cette altitude plus basse (30°C et 1300 m )
D’anciens ponts muletiers à la construction particulière, permettent le franchissement de l’oued pour rejoindre notre piste.
Dès le milieu de l’après-midi, nous nous arrêtons pour un bivouac de rêve au bord de la rivière.
Le 26 Mai
Nous poursuivons la piste le long de l’Oued jusqu’en milieu de matinée. Au total, nous aurons parcouru 50 km dans cette gorge. Puis dans un village qui marque la fin de la piste, nous retrouvons une petite route goudronnée que nous suivrons quasiment toute la journée.
Elle nous fera ,notamment, passer à Imilchil et son célèbre lac et traverser de nombreux petits villages de montagne.
Dans cette région, les gamins qui accourent nous voir passer sont nettement plus agressifs et c’est un peu désagréable, surtout pour le dernier du convoi.
Nous bivouaquons au bord d’un oued à une centaine de km de Midelt.
Le 27 Mai
Nous reprenons notre petite route puis une piste de montagne qui serpente au milieu des cèdres pour rejoindre le très connu cirque de Jaffar.
De nombreux cèdres semblent avoir soufferts des vents et des hommes et sont souvent décharnés et-ou écimés, d’autres sont définitivement couchés au sol.
De là nous arrivons à Midelt où nous refaisons les pleins puis direction Meknès par la route. A Meknès, les deux campings référencés sur nos GPS, sont fermés ce qui nous oblige à trouver un bivouac, un peu précaire, à la sortie de la ville, à coté d’un champ d’oliviers sous lesquels paissent des vaches accompagnées d’oiseaux blancs !
Le 28 Mai
Nous remontons vers le Nord pour arriver, vers midi, dans un camping près de la mer à Taroudan. Nous passons l’après-midi à ranger et nettoyer ( un peu) les voitures en vue de notre embarquement demain à Tanger-Med.
Excellent dîner dans un restaurant sur « la promenade des anglais » locale , malgré le ramadan qui vient de débuter aujourd’hui.
C’est bien la fin du voyage !
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